- souvenir Bardet-Pinot, la grosse mésentente.JPG (44.06 Kio) Vu 198 fois
L’équipe de France a pris de belles habitudes depuis quatre ans. Après treize longues années de disette, les Bleus collectionnent en effet les médailles aux championnats du monde avec, en point d’orgue, les deux titres remportés par Julian Alaphilippe (2020, 2021) mais également les deux places de vice-champions du monde décrochées par Romain Bardet en 2018 et, dimanche dernier, par Christophe Laporte. Il y a quatre ans, à Innsbrück, la médaille d’argent remportée par l’Auvergnat n’en avait pas moins fait apparaître de sérieuses dissonances au sein du collectif tricolore.
« Moi, au moins, j’ai respecté les consignes…», avait lancé Thibaut Pinot, neuvième, après l’arrivée, ajoutant : « Romain et moi avions le même rôle. On devait aller chercher les coups dans les deux derniers tours, et si Julian était encore devant au pied de la dernière bosse on devait jouer sa carte. » Le trio était au complet au pied de la dernière ascension mais tandis que Thibaut Pinot remplissait son rôle d’équipier en allant chercher les attaquants, Romain Bardet s’est longtemps contenté de rester coller à la roue de Julian Alaphilippe avant de suivre le coup gagnant lorsque le natif de Saint-Amand-Montrond a commencé à défaillir.
Le rapports cinglant de Guimard
« C’était à nous de prendre les choses en main,. On était plein de bienveillance les uns envers les autres et on avait une belle densité à faire valoir. L’esprit France s’est exprimé. Je n’ai aucune arrière-pensée sur la façon dont la course s’est déroulée. Dans ces moments, ça se fait à l’initiative. Thibaut était déjà plus loin, il venait d’achever son relais. On ne va pas reprocher à des coureurs d’être entreprenants », avait justifié le coureur de l’AG2R. Des propos qui n’ont pas dû convaincre Thibault Pinot.
« Je me suis sacrifié, on ne m’a pas sacrifié. J’avais accepté le plan. À partir de là, pas de souci. Quand Julian fait signe qu’il lâche, je me dis que c’est dommage mais je ne lui en veux pas : il m’est déjà arrivé de ne pas répondre présent alors que mes coéquipiers avaient abattu un gros travail pour moi. Je ne l’ai pas jugé et je n’ai pas été déçu de ce côté-là. J’ai été déçu parce que j’avais de très bonnes jambes, a déploré après coup le Franc-Comtois, qui s’est rattrapé, quinze jours plus tard, en s’imposant au Tour de Lombardie. Je suis sûr que je vais sûrement plus vite que Romain au sprint, mais en face il y avait Valverde, et, là, je n’étais pas certain de le battre, mais… »
Mais Thibaut Pinot n’a pas été le seul à sortir frustré de ces Mondiaux. Il en a été de même de Cyrille Guimard, le sélectionneur tricolore, qui avait demandé à ses lieutenants de ne pas déclencher les hostilités et d’attendre au contraire le plus longtemps. L’ancien directeur sportif de Bernard Hinault avait d’ailleurs rédigé un rapport cinglant pour ses troupes en dépit de la médaille d’argent. « Il faut noter une certaine nervosité du côté de Thibaut, avait-il écrit. C’est peut-être là qu’il laisse la cartouche qui lui manque dans le final… ». Le Normand avait surtout insisté sur le non-respect des consignes. « J’avais demandé aucune accélération avant la dernière minute d’ascension, soit 300 mètres environ. J’ai quand même le sentiment que vous êtes entrés dans le combat et le match, CE QU’IL NE FALLAIT PAS FAIRE (en capitales dans le texte). Si j’ajoute à tout cela le déraillement de Romain (en haut de la bosse, Bardet perd du temps sur un changement de plateau qui coince), qui aurait pu mettre carrément « la cabane sur le chien », nous sommes passés près de la correctionnelle !!! Romain, un changement de plateau à cet endroit, était-ce bien raisonnable ? »
