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Passés à la moulinette....Depuis les années 1970, les braquets en montagne n’ont cessé d’évoluer.
Fini les grands développements en force de Thévenet ou Hinault, le matériel permet à Pogacar et aux grimpeurs actuels de pédaler à des fréquences folles.
Si Tadej Pogacar est en mesure de mouliner à haute fréquence
comme il le fait à chaque fois que la route s’élève, de rester parfaitement en ligne et de ne pas perdre d’énergie avec des mouvements parasites,
il le doit en partie aux braquets actuels.
Avec le matériel de Bernard Hinault, par exemple, le Slovène aurait été moins aérien.
Patrick Jean a été mécanicien pendant quarante ans dans le peloton, de Miko-Mercier en 1979 avec Joop Zoetemelk au service d’assistance de Mavic jusqu’en 2018, en passant par La Vie Claire auprès de Bernard Hinault, RMO avec Charly Mottet, Festina et Richard Virenque, Phonak, FDJ etc.
« Quand j’ai commencé, il n’y avait que six pignons à l’arrière, ils n’avaient pas de 11 dents, ce n’étaient que des 12, c’était très rare qu’ils mettent 25 dents à l’arrière, en plateaux c’était 52-42 ou 44, se souvient-il, lui qui a couvert 36 Tours de France.
C’est pour ça que les coureurs à l’époque étaient toujours en train de bouger les épaules dans les cols, parce qu’ils ne tournaient pas assez les jambes, ils devaient mettre trop de force pour pousser.
Mais maintenant ça a complètement changé.
Dans les années 1990, on est passés à 8 pignons et ensuite ça a évolué très vite, 10 au début des années 2000, 11… »
Désormais, la plupart des coureurs roulent avec 12 vitesses. Bernard Thévenet se souvient du temps des six pignons, où il utilisait un braquet de 42x23 quand il croisait le fer avec Eddy Merckx dans la montagne.
« Aujourd’hui, ils moulinent a minima à 80 tours/minute, nous on était à 50 et encore, souffle le double vainqueur du Tour de France (1975 et 1977). On n’avait pas plus que 23 derrière, parfois on mettait un peu plus, si on avait la Bastille (au-dessus de Grenoble) à monter par exemple, on pouvait avoir 28 parce qu’on mettait un pignon de cyclo-cross, mais ça faisait une roue libre complètement conne, mal étagée. »
Dix ans plus tard, Jean-François Bernard se heurtait aux mêmes limites :
« J’avais 41 x 23, parfois je mettais 50 en grand plateau, ou 51 comme lors du chrono du Ventoux (en 1987, qu’il avait remporté et où il avait pris le maillot jaune), parce qu’après le Chalet Reynard, tu peux le passer, il y a une partie un peu roulante, décrypte-t-il. Mais le problème c’était le 23, on n’avait pas des braquets d’asthmatiques comme aujourd’hui, d’ailleurs pour nous, ce sont des braquets de cyclos, mais maintenant ils roulent avec ça. »
Le nombre de pignons n’a cessé d’augmenter au début des années 2000 :
Au mitan des années 1980, Paul Koechli avait entamé à La Vie Claire la révolution de la moulinette, en demandant à ses coureurs de passer sur un plateau de 39 dents pour davantage tourner les jambes. « Andy Hampsten a été un peu précurseur, il moulinait vraiment, raconte Patrick Jean. Koechli voulait de la vélocité, donc Bernard (Hinault) mettait parfois du 39, mais bon, il avait quand même ses idées, il avait une force terrible,
44, 42 ou 39, pour lui, quand il avait décidé d’attaquer, ça ne changeait rien. »
Thierry Claveyrolat faisait alors figure d’exception dans les années 1980, avec toujours 44 dents en petit plateau et 54 en grand plateau.
Le nombre de pignons n’a donc cessé d’augmenter, au début des années 2000, l’électrique est apparu et a apporté plus de souplesse.
Au virage des années 2010, les assettes de 32 dents se sont multipliées.
Patrick Jean note également que les coureurs actuels « veulent rester beaucoup sur le grand plateau maintenant et ils ne font plus
attention à la ligne de chaîne ».
« Les chaînes sont très étroites, il y a moins d’espace qu’avant, mais quand même », s’étonne-t-il.
À titre de comparaison, le plus petit braquet de Thévenet permettait un développement de 3,87 m à chaque coup de pédale,
quand celui de Tadej Pogacar le fait avancer de 2,37 m à chaque cycle.
Un braquet que le champion du monde n’utilise pas forcément, mais qu’il a à sa disposition pour avaler la pente.
« Parce que quand on le voit sur son vélo, bien posé, on se rend compte qu’il recherche aussi la force, décrit Patrick Jean.
55-38 devant ?
Ah ouais, c’est impressionnant. »
Un équilibre force-pédalage que le Maillot Jaune exhibera encore une fois aujourd’hui, sur les rampes du terrible mont Ventoux.
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Souvenirs du Tour : Passés à la moulinette........Les BRAQUETS
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