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La sortie dominicale de ce dimanche 10 avril s’annonce bien. Nous sommes 13 au départ, ce qui, comme je ne suis pas superstitieux, aurait dû quand même me mettre la puce à l’oreille.
Le parcours nous fait passer par Saint Amant, dans les hauts de la forêt d’Eaunes, d’où nous basculons vers Beaumont-sur-Lèze.
Dans la descente, pratiquement au niveau du château de Ribonnet situé à quelques encablures, je tente, à l’insu de mon plein gré, de battre le record de l’un de ses anciens propriétaires, Clément Ader. Pas croyant pour un sou, mais dans l’attente d’un miracle, je me dis que ça peut le faire.
Je n'ai peut-être pas battu la distance d’Eole, son avion, mais j’ai largement dépassé la hauteur au-dessus du sol.
Et même si ça ne se voit pas sur Strava, le record du salto avant de Quentin, du Cyclo VTT Roquettes, est largement dépassé lui aussi
(voir ici : viewtopic.php?t=50 )
Mais comment m’y suis-je pris, me direz-vous ?
Après le contrôle des urines à l’endroit habituel, au carrefour de Saint Amant, je pars tranquillement le premier sur la crête descendante en admirant la chaîne des Pyrénées enneigée. Plusieurs vélos me doublent car je ne fais pas la descente.
Soudain je me trouve en déséquilibre sur la gauche, vers Jacques qui roule à mon niveau. Nos épaules se touchent. Je me dis qu'il va tenir la pression, le temps que je reprenne l’équilibre, mais que nenni ! Il s’écarte sur sa gauche, je m’envole (pour le record), puis, plus rien.
Par la suite, Fredoo, Didier et Miguel, qui sont derrière moi, me confirment bien la manœuvre, mais pas le pourquoi de la manœuvre.
Il peut y avoir au moins 3 raisons : le manque de concentration, la chaussée déformée en amont, ou alors un début de malaise cérébral ou cardiaque car comme tout le monde j’ai en mémoire l’accident de Claude 15 jours avant
(voir ici : viewtopic.php?t=47 ).
Si ça peut vous rassurer, le scanner confirme que je n’ai rien dans la tête ; ce qui, entre nous, ne nécessitait pas les frais d’un passage au scanner pour ça, car ce n'est pas un scoop.
D’après les témoins, je suis resté environ une minute et demi inconscient. J’imagine comme ça a dû phosphorer dans la tête des présents.
Mais, le proverbe dit que la mauvaise herbe ne crève pas facilement. Quand je suis revenu à moi, j'étais paraît-il assez volubile, ce qui n’est pas mon habitude… enfin je crois. Par contre, je ne me souviens plus de ce que j’ai pu dire. C’est 45 minutes plus tard, lorsque les pompiers m’ont mis la minerve et dans leur coquille, que j’ai réellement pris conscience de l’étendue des dégâts.
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Puis ils m’ont emmené aux urgences de Purpan. Pendant le transport, j’ai lié connaissance avec la docteure qui avait de jolis yeux et nous avons échangé nos numéros de téléphone… Nan ! j’déconne sauf pour les jolis yeux !
Les pompiers, que je salue ici pour leur professionnalisme, récupèrent leur matériel après m’avoir déposé sur celui du CHU, puis abandonné dans un couloir de Purpan.
L'hôpital public doit être rentable, disent les gouvernements depuis plusieurs dizaines d'années. À Purpan, tout est organisé pour travailler avec un minimum de personnel. Et vu le nombre de personnel pour la quantité de visiteurs aux urgences, il doit l’être rentable.
Je suppose qu’il est géré par un cabinet conseil comme l’est la pandémie de la Covid 19, en écartant le corps médical des décisions qui soulageraient les patients. D'ailleurs, à propos de soulager, demander un pistolet pour uriner, c’est comme pisser dans un violon.
Moi qui fait des visites régulières à l’improviste à l’hôpital public depuis plus d’un demi siècle, en raison de mes antécédents de pilote moto et de cycliste, je peux vous dire que l’hôpital ne s’arrange pas. Seul le personnel est admirable.
Je transite ensuite par une salle d’opération où on me met nu comme un vers. Je négocie afin de sauver ma confortable veste thermique du VCRO (Vélo Club Roquettes Omnisports), et mon cuissard long du STC (Stade Toulousain Cyclisme). Par contre, les ciseaux n’ont aucune empathie pour mon sous-vêtement col roulé à manches longues.
Le jeune interne me demande de lui dire où j’ai mal. Je lui réponds : "partout de la tête aux pieds sur le côté gauche".
Compte tenu de ma perte de connaissance au moment de la chute et de mon corps haché menu, il décide de me recoudre la plaie au-dessus de mon arcade sourcilière (mais pas mon sous-vêtement) et de me faire faire un aller-retour dans le scanner.
La couture est faite, et très bien faite, avec cinq points par une jeune interne. Avec elle aussi, le contact est bon, mais pas avec celui de son aiguille. D’ailleurs, nous échangeons nos numéros de téléphone.
Nan ! j’déconne encore… sauf pour le contact.
Puis, en attendant le passage au scanner, on me parque entre deux rideaux dans la salle des pas perdus où ça ronfle, ça gémit, ça se plaint et ce n'est pas toujours très gentil avec le personnel soignant ( quelle honte !).
Il est 14h45 quand Dylan, le brancardier, vient me chercher pour me transporter en radiologie. Pas sûr qu’un bon GPS puisse retrouver le chemin dans le labyrinthe des couloirs et des ascenseurs. J’admire sa dextérité de conduite, surtout pour prendre le virage à la corde afin de ne pas cogner dans les murs. S’il faisait du VTT, il serait sûrement difficile à suivre dans les singles-tracks en sous-bois (mais il en fait peut-être, et c’est justement pour ça qu’il est difficile à suivre dans les couloirs de Purpan).
Le scanner confirme que je n’ai rien dans la tête, que la clavicule gauche est cassée sans déplacement et le bassin fêlé, ce qui est mieux que si c’était la tête. Par contre, je crois que le radiologue était surbooké, car il n’a pas eu le temps de faire l’inventaire des côtes. Je ne dis pas qu’il m’en manque, mais je ne serais pas surpris d’en avoir une de cassée, ou au minimum de félée. Ceux à qui c’est arrivé connaissent les symptômes ressentis et c’est vrai qu’il n’y a pas besoin de radio pour le savoir.
Je ne peux pas terminer ce message sans remercier :
- Mon casque qui a bien protégé ma tête.
- Bruno qui est remonté se positionner sur la route en amont, pour prévenir les voitures de l’accident et que les autres ont oublié quand ils sont repartis après le départ des pompiers.
- Jacques et Bernard qui sont passés à la maison donner mon téléphone à Jeanie et lui donner des informations les plus rassurantes possibles. Quels baratineurs ces deux-là ! Par contre, si j’ai un conseil à donner, laissez le téléphone à celui qui part aux urgences, s’il n’est pas à l’article de la mort. Sinon, sans téléphone portable pour joindre ses proches, une fois à l’hôpital, c’est très compliqué.
- Ludo qui est passé rassurer Jeanie… avec sa tenue de cycliste et ses jambes tachées de sang. Il aurait eu un tablier de boucher qui sort de l’abattoir, ça aurait fait moins d’effet à Jeanie.
- Guytou qui a récupéré mon vélo… mais sans le remettre en état. Comme quoi le service après vente se perd. Je le remercie aussi de m’avoir apporté le pistolet, qui lui servait pour uriner quand il était cloué sur son lit avec son col du fémur cassé. C’est un objet bien pratique dans ces moments là. Le seul problème, c’est que le diamètre de la goulotte d’entrée de celui de Guytou est un peu petit pour moi.
- Les membres du Cyclo VTT Roquettes qui m'attendaient pour l' Auberge Espagnole prévue à midi au club-house, et qui ont eu une pensée pour moi en m’envoyant une photo du groupe, me permettant de constater que ça ne leur a pas coupé l’envie de boire.
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- Tous ceux qui ont pris de mes nouvelles. S’il y en a parmi eux à qui je n’ai pas répondu, qu’ils m’en excusent. Mais j’ai eu tellement de soutiens, en ce dimanche d’élection, que je fais un score à faire pâlir d’envie Anne Hidalgo, la candidate du Parti Socialiste.
- Je n'oublie pas non plus Dylan, le brancardier de Purpan qui a eu la gentillesse de me prêter son portable pour appeler Jeanie. Il était 14h45 et elle attendait déjà avec Jacques à l’accueil de l’hôpital. Là encore et toujours grâce à mon passé, elle sait quoi apporter quand elle vient prendre de mes nouvelles. Il ne manquait rien dans le sac de sport qu’elle avait préparé. J’aurai pu tenir le choc à Purpan plusieurs semaines.
- Bien sûr, dans mes remerciements, Jeanie a une mention spéciale car elle ressort sa blouse d'infirmière pour un CDD de 6 semaines.
Je ne peux pas également terminer ce message sans parler de Bernard B du Stade Toulousain Cycliste qui vient de me rejoindre à l’infirmerie. Lors de la sortie du jeudi suivant, il a eu un souci au point d’aller aux urgences de Lavaur pour terminer ensuite au CHU de Rangueil. D’après la rumeur qui coure, il lui font toujours des examens.
Voilà encore une leçon à retenir : “à partir d’un certain âge, si tu veux mourir en bonne santé, ne fais pas de vélo tout seul”, surtout quand c’est pendant une période où ça tombe comme des mouches.
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A+, mais d’en d’autres conditions.
Marco